Avec au moins 7 000 poids lourds roulant au GNV en 2022, le gaz est apparu ces dernières années comme l’alternative au gazole adoptée prioritairement par les transporteurs et leurs donneurs d’ordres. 

Pour accompagner ce phénomène, le CNR diffuse un indice sur le coût du carburant GNV depuis août 2019 et complète aujourd’hui son dispositif de résultats statistiques sur les conditions et coûts d’exploitation des poids lourds GNV. On accède à tous les résultats en ligne à la rubrique Référentiels prix de revient.

On peut découvrir, par exemple, le prix moyen des tracteurs routiers : 130 457 € en GNL et 113 152 € en GNC (valeurs d’achats à neuf, hors aides financières, en décembre 2021) ou le coût spécifique de l’entretien-réparation de tels ensembles : 6,6 c€/km en GNL et 6,7 c€/km en GNC.

Les conditions d’exploitation mesurées par l’enquête menée auprès des transporteurs sont également des informations précieuses. Elles révèlent notamment une consommation moyenne de gaz de 27,2 kg/100 km en liquéfié (longue distance) et de 30,7 kg/100 km en comprimé (régional).

Dans une problématique de choix d’investissement, les transporteurs ne manqueront pas de comparer de tels profils de coûts d’exploitation à ceux des poids lourds gazole. Pour accompagner ces analyses, le CNR publie une note : Rentabilité d’un poids lourd GNV par rapport à un poids lourd gazole. Calculs de sensibilité selon les facteurs prix des carburants, kilométrage annuel, prix d’acquisition des véhicules.

Le modèle économique initial d’un PL GNV comparé à celui d’un PL gazole se résume à un véhicule plus cher à l’achat, assorti d’un coût du carburant inférieur. En conséquence, sur des kilométrages annuels importants, un PL GNC régional, en particulier, était plus compétitif que son homologue au gazole. Par exemple, en moyenne 2020, le kilogramme de gaz comprimé coûtait 16,34 c€ moins cher que le litre de gazole. Ainsi, le PL GNC en régional coûtait 7,8 % moins cher que son homologue gazole à la tonne.kilomètre transportée.

Mais l’inflation inédite des prix du gaz, initiée mi-2021 (+50 % en moyenne annuelle 2021/2020), qui s’est encore amplifiée avec le déclenchement de la guerre en Ukraine le 24 février 2022 (+72 % en moyenne T1.2022/A.2021), a bousculé les équilibres car le gazole a augmenté moins vite dans le même temps. En décembre 2021, le kilogramme de gaz comprimé coûtait 54,30 c€ plus cher que le litre de gazole. Conséquence, un PL GNC en régional coûtait, dès lors, 7,2 % plus cher que son homologue gazole à la tonne.kilomètre produite. Pour trouver une rentabilité supérieure avec un PL GNC en régional, il fallait dans ces conditions rouler 21 350 km/an de plus qu’avec un PL gazole.

Personne n’ayant la faculté de prédire l’évolution relative des carburants GNV et gazole, le CNR évalue dans son étude un large éventail de situations, conduisant à l’avantage concurrentiel tantôt du PL GNC, tantôt du PL gazole.

Concernant les PL au gaz liquéfié, la rentabilité comparée aux PL gazole est toujours difficile à trouver. Pénalisée par un surcoût du tracteur à l’achat très élevé, elle exige un volume de kilométrage annuel très important, souvent inatteignable aux conditions économiques actuelles. Mais il faut noter que pour 60 % des transporteurs interrogés en longue distance GNL, le client principal a consenti un prix supérieur à ce qu’il aurait payé pour un transport opéré avec un PL gazole. La filière démontre un certain volontarisme environnemental.

Deux autres notes publiées sur le site du CNR informent précisément sur le carburant GNV et sur le matériel GNV. On y trouve notamment des résultats statistiques sur l’autonomie : en moyenne 928 km en GNL et 432 km en GNC, la durée moyenne d’avitaillement : de l’ordre de 18 minutes, la durée moyenne d’attente en station : inférieure au quart d’heure, la distance moyenne de la station gaz la plus proche du dépôt : 41 km en GNL et 10 km en GNC.

Un inventaire des aides financières nationales et locales est proposé.

Les stratégies et pratiques commerciales ont également été interrogées. Ainsi, on apprend que la décision d’achat d’un PL au gaz est liée dans 70 % des cas à une incitation des chargeurs, mais que le client principal ne s’est engagé durablement que dans 60 à 67 % des cas. Pour les achats de carburants GNV, 85 % des transporteurs interrogés possèdent au moins un contrat avec un fournisseur de gaz. Du côté de leurs ventes de prestations, les transporteurs interrogés pratiquent le pied de facture carburant GNV dans 6 cas sur 10 pour l’échantillon Longue distance GNL, et dans 8 cas sur 10 pour l’échantillon Régional GNC. C’est nettement moins que pour les panels PL Gazole (96 % des cas).

La transition énergétique a un coût, les prix de base du transport devraient évoluer en conséquence et le suivi des coûts, notamment des énergies, restera crucial pour les opérateurs.