Pour le groupe Bel, la réduction de l’empreinte carbone s’inscrit dans un spectre global. Elle se veut à l’échelle de sa présence mondiale, celui-ci exploitant des flux en Europe (42,9 % du chiffre d’affaires), en Asie et aux Etats-Unis (37,5 % pour les deux continents) ainsi qu’au Moyen-Orient et en Afrique (19,6 %). Le groupe agroalimentaire basé à Suresnes (92) a mobilisé son département logistique sur des fondamentaux visant à réduire son intensité carbone de 50 % à l’horizon 2035. Par « intensité carbone », on entend chez Bel le kilo de CO2 dégagé par tonne de produits transportés. « Lorsque nous lançons un appel d’offres aux transporteurs, parmi nos critères de sélection, nous introduisons – outre le service apporté, le coût de la prestation, la fiabilité du prestataire et sa couverture France et Europe – sa capacité à nous offrir des solutions alternatives vertes et la mise en place d’une politique RSE », indique Yassine Fedane, Responsable Excellence et Transformation en supply chain du groupe détenu par Unibel SA et les membres du groupe familial fondateur Bel. Yassine Fedane impulse cet objectif à l’échelle mondiale, pilotant la formation des équipes en local pour la compréhension et la maîtrise des enjeux en matière de réduction des émissions de CO2 : « Je leur communique également un benchmark de l’ensemble des leviers que l’on peut actionner afin que nos équipes puissent, à leurs niveaux, échanger avec les 3PL car travailler ensemble permet de relever ces enjeux », estime Yassine Fedane.

L’accompagnement des prestataires 

Maître-mot de la démarche environnementale de Bel : l’optimisation, avec ce souci d’une saturation au volume et au poids. Le manager de chez Bel travaille de concert avec le service R&D de son groupe. « Nous veillons à ce que notre transport par palettes Europe s’effectue bien systématiquement sur la base de 33 palettes au sol, précise Yassine Fedane. Nous nous assurons que la densité de nos fromages soit la plus forte possible avec, au bout du compte, des palettes encore plus optimisées et, de facto, une réduction de nos émissions de CO2 ». Dans sa démarche de verdissement, Bel joue également sur le terrain de la technologie – type de camions utilisés – et sur celui de la sélection de ses prestataires de transport, priorité étant accordée à ceux qui sont chartés ou labellisés. Le portefeuille transporteurs de Bel est constitué de 17 prestataires. Le groupe STEF – à l’appui de ses partenaires sous-traitants – compte parmi ses principaux opérateurs. Le numéro un européen du transport sous température dirigée opère au niveau de deux dépôts Bel implantés au Plessis-Pâté (91) et à Givors (69). Les moyens roulants mis en circulation pour les livraisons des produits Bel font appel aux motorisations considérées comme figurant parmi les plus « propres » : B100, gaz et biogaz et, depuis peu, HVO. Le groupe de produits fromagers (Vache qui rit, Babybel, Boursin…) déclare accompagner ses prestataires transport dans le surcoût lié à l’acquisition des véhicules roulant aux carburants alternatifs.

Autre levier, le plus récent, sur lequel Bel entend agir pour réduire son intensité carbone : le ferroviaire. Le groupe s’est rapproché du groupe breton intermodal Lahaye Global Logistics, très actif depuis trois ans sur le développement de solutions (y compris en « frigo ») sur le rail. « Nous allons démarrer des flux à partir de Sablé-sur-Sarthe, où se trouve notre usine qui produit notamment la marque Kiri, vers Givors. Cette solution augmentera nos délais d’acheminement d’une journée mais nous la pensons vertueuse pour notre démarche de décarbonation de notre chaîne logistique. En cas de succès, nous pourrons déployer la solution ferroviaire sur d’autres sites », assure Yassine Fedane. La business unit France de Bel a rejoint depuis 2019 Fret21, l’initiative orchestrée par l’Ademe et l’AUTF (les chargeurs) destinée à accompagner les acteurs de la supply chain engagés dans la limitation de l’impact de leurs transports sur le climat.

Chaîne du froid à la loupe 

Quel que soit le mode de transport (routier, maritime et bientôt ferroviaire), le groupe Bel se montre exigeant et scrupuleux sur la qualité de la chaîne du froid. La sélection des transporteurs repose notamment sur cette exigence. « Nous disposons de relevés de températures, y compris sur la partie containers. Nous installons systématiquement deux sondes que nous traçons à partir de nos installations. Ainsi, à la réception, nous sommes en mesure de contrôler l’évolution de la courbe des températures sur l’ensemble du trajet. En cas de pics de températures, nous effectuons systématiquement des analyses de risque sur le produit afin de nous assurer de la non-détérioration du produit. Nous effectuons également des suivis de température sur la partie prestation : nous sommes en mesure, à n’importe quel moment, avec le concours de notre service qualité, de demander au prestataire, un suivi de l’évolution des températures », explique Yassine Fedane.

Slimane Boukezzoula