De gauche à droite : Guillaume Péard et Francis Seuront, respectivement président et directeur du fret aérien de Kuehne+Nagel France.

Vous avez déclaré que le nouveau bâtiment de Paris - Charles de Gaulle va permettre à Kuehne+Nagel d’explorer de nouvelles pistes de développement. À quels types de marché faites-vous allusion ?

Guillaume Péard : Je fais référence au quatrième pilier de notre stratégie, à ce qu’on appelle « market potential ». Sa vocation consiste à aller chercher des parts de marché supplémentaires sur des secteurs d’activité nouveaux ou qui présentent un intérêt particulièrement notable pour ouvrir une activité logistique. Cet investissement ne relève pas du simple discours marketing ou commercial. K+N campe déjà sur de solides positions en general cargo. Nous sommes actifs sur le « healthcare » et nous pourrions nous ouvrir à de nouveaux segments, par exemple ceux des semi-conducteurs, de l’exceptionnel comme le transport d’éoliennes, ou l’accompagnement de secteurs émergents qui seront très liés à la transformation ou à l’économie de la recherche « bas carbone ». Au-delà de l’aérien, avec nos trois autres divisions que sont Sea fret, Road et Contract logistics, ces secteurs d’activité – auxquels on pourrait ajouter le e-commerce – sont très pertinents.

Francis Seuront : Il y a un adage dans les affaires qui dit « no parking, no business ». Notre nouveau bâtiment, grâce au recours à de nouvelles technologies, nous permet d’être à la pointe sur différents sujets par l’agrandissement de nos zones de surface pharma, aéronautique et general cargo. Il nous permet également de traiter 300 palettes avion par mois contre une centaine dans le passé. En outre, nous poursuivons notre développement sur le périssable avec notre entrepôt de 8 000 m2 implanté à Rungis.

Depuis le Covid, on évoque beaucoup la relocalisation en France et en Europe des moyens de production de l’industrie pharmaceutique. Comment s’inscrit Kuehne+Nagel dans ce mouvement ?

G.P. : Notre groupe est présent dans une centaine de pays : son réseau mondial lui offre le dispositif et les process pour accompagner les clients dans toutes sortes de démarches. Notre nouveau bâtiment de Charles de Gaulle permettra de s’inscrire dans les capacités logistiques globales de Kuehne+Nagel.

Quel est le dispositif organisationnel actuel de Kuehne+Nagel sur le produit pharmaceutique ?

F.S. : Kuehne+Nagel a pour particularité de ne pas avoir d’asset dans son approche globale : nous sommes systématiquement organisés en colocation pour les bâtiments (sauf à Charles de Gaulle, Ndlr) et pour les moyens roulants. Sur le secteur de la « pharma », nous misons beaucoup sur le dernier-né dans notre palette de produits, QuickStat, une solution qui permet le transport (de -180° à +2°/8°) de produits de médecine personnalisés (amont, aval et recherche et développement). Tout cela en relation avec les sociétés de biotech.

G.P. : La division healthcare possède une dimension mondiale chez K+N. Elle occupe plus de 3 500 personnes sur la planète répartis sur près de 235 sites certifiés GXP.

Où en est Kuehne+Nagel de son adaptation aux contraintes écologiques mises en place dans les villes et autres métropoles en matière de livraisons urbaines ?

G.P. : On aborde là le troisième pilier de notre stratégie, qui est « living ESG » (vivre la RSE). Notre activité route, messagerie et commission de transport est très développée en France. De ce fait, nous avons il y a quelques mois mis en circulation 23 porteurs électriques Renault Trucks. Ils sont répartis sur une dizaine d’agences (K & N en compte une cinquantaine dans l’Hexagone, Ndlr). Par le jeu naturel du renouvellement de notre flotte, nous allons en intégrer de nouveaux. Nous nous ouvrons par ailleurs aux biocarburants, le HVO pour ce qui nous concerne, et nous sommes actuellement partie prenante de tests sur l’hydrogène.

Propos recueillis par Slimane Boukezzoula