Transporteurs - Logisticiens
« Renforcer le périmètre d’affaires de Gandon sur le healthcare »
Geodis, le premier groupe français de transport (13 Mds d’euros de CA) est également présent dans la température dirigée, sur le produit « healthcare ». Depuis le rachat de Gandon Transports en 2021, il nourrit de solides ambitions sur le 2-8°C et le 15-25°C. Tour d’horizon avec son directeur général France, Stéphane Cassagne.
Froid News : Comment l’acquisition, en 2021, de Gandon s’inscrit-elle dans la stratégie actuelle de Geodis ?
Stéphane Cassagne : Nous sommes depuis longtemps bien engagés sur la logistique du healthcare (préparation de commandes, gestion de la traçabilité...) pour le compte des laboratoires pharmaceutiques. Nous disposons de 150 000 m2 d’entrepôts dédiés à la santé. Pour répondre à la demande de nos clients sur la partie sortie d’entrepôts, il nous a paru opportun de nous doter de moyens roulants et, plus particulièrement, d’un réseau de distribution de produits santé en température dirigée (2-8°C et le 15-25°C). C’est la logique qui a présidé à l’acquisition de Gandon. Par ailleurs, nous sommes partis du constat que nous possédions un volume d’affaires important en messagerie avec des laboratoires pharmaceutiques en ambiant. Sur la base de l’évolution des normes, ces laboratoires nous ont sollicités pour des solutions en température dirigée. Gandon Transports nous permet, à ce titre, de satisfaire la demande sur les deux spectres, de l’ambiant et de la température dirigée.
F. N. : Cette force de frappe Gandon sur la température dirigée vous suffit-elle ou êtes-vous à l’affût de nouvelles opportunités ?
S. C. : Nous déployons tous nos efforts sur le renforcement du périmètre d’affaires de Gandon, par le déploiement de quelques agences supplémentaires en 2-8°C et en 15-25°C. Nous misons, en outre, sur le développement de nos solutions de commissions de transports aériens pour le produit pharmaceutique. Nous exploitons un site en température dirigée dans la zone de Roissy (95, ndlr). Il nous permet d’offrir à nos clients laboratoires pharmaceutiques des solutions à l’export.
F. N. : Comment votre groupe appréhende-t-il la conjoncture économique France et monde du moment, ainsi que les prévisions qu’on en établit ?
S. C. : Dans un monde fragilisé par de multiples crises, nous sommes contraints de nous adapter aux demandes de nos clients et, surtout, à la modification de leur supply chain, comme nous avons dû le faire en 2022 lors des tensions sur les capacités dans le transport maritime. C’est également le cas au regard de certains de nos clients engagés dans des mouvements de rapatriement de stocks en Europe, voire en France. Il nous revient alors de repenser de nouvelles solutions logistiques sur fond de rapprochement vers les zones de consommation, également une refonte des mouvements de marchandises, un raccourcissement des délais...
F. N. : Que peut-on dire de la décarbonation de la supply chain chez Geodis ?
S. C. : C’est un sujet multi-facette chez nous. Il s’agit, avant tout, de livrer nos clients de façon plus efficiente en termes de consommation et d’émissions de CO2 ; il convient dès lors d’effectuer le moins de kilomètres possible pour livrer le même nombre d’expéditions. Nous nous appuyons, pour ce faire, sur des outils qui visent une optimisation maximum en termes de kilomètres parcourus. Le deuxième sujet touche à la décarbonation de la flotte. On évoque ici les véhicules fonctionnant à l’énergie électrique ainsi qu’au gaz et biogaz. A ce titre, nous ambitionnons de livrer, à horizon fin 2024, les 50 plus grandes métropoles françaises avec des moyens décarbonés ou à faibles émissions. A la fin de 2023, nous avions déjà déployé une flotte de plus de 400 véhicules « propres » pour la desserte des centres villes. Le troisième volet de notre stratégie de décarbonation vise à recourir à l’écosystème de la livraison douce. Je fais allusion à la cyclologistique (B2B/C) ainsi qu’à l’utilisation du fleuve, comme à Lyon, afin d’entrer au plus près des centres-villes contraints. Il s’agit pour nous d’agir en combinaison de ces deux modes de transport lorsque la situation s’y prête.
F. N. : Compte-tenu de votre appartenance au groupe SNCF, le ferroviaire ne peut-il devenir une solution supplémentaire ?
S. C. : Le transbordement, le temps de transbordement amont et aval et celui du transport des marchandises demeurent des éléments pénalisants au travers du ferroviaire. Pour autant, nous expérimentons actuellement en messagerie une solution entre Lille et Avignon dans le but d’évaluer la manière dont on pourrait substituer une solution ferroviaire à des semis qui prennent la route toutes les nuits.
F. N. : Que peut-on dire du chantier de la digitalisation chez Geodis France ?
S. C. : À nos yeux, la digitalisation doit venir à la fois de l’expérience clients et de celle du destinataire. Elle doit nous permettre de servir encore mieux nos clients. C’est ainsi que l’interaction avec eux est aujourd’hui presque exclusivement digitalisée au travers de notre plateforme E-space qui se veut un véritable outil d’échanges. Nous opérons également en digital pour nos clients e-marchands au bénéfice du consommateur final avec lequel nous établissons des relations connectées.
F. N. : Depuis 2023, vous avez pour feuille de route la responsabilité de mutualiser les livraisons dans la ville de Chartres à certains horaires. Comment cela se déroule-t-il ?
S. C. : Le processus se met lentement en place. Je le considère pour le moment comme un bon laboratoire sur le sujet de la livraison mutualisée du centre-ville.
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