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L’avenir radieux du casier
Nouveau canal de distribution de produits frais, les casiers connectés sous température dirigée connaissent un envol remarquable. Investi par des starts up, ce secteur l’est également par des spécialistes reconnus du froid. La grande distribution, qui commence à s’y intéresser, rêve de rééditer le succès du drive.
Ils apparaissent à mesure de la fermeture de commerces de proximité dans les centres-villes et plus généralement des nouvelles habitudes de consommation. Ce sont les casiers de distribution réfrigérés, permettant à des particuliers d’acheter près de chez eux des aliments ou de retirer des commandes. Depuis le covid, « ce marché se développe. On compte en France 17 000 communes sans commerces alimentaires et le nombre de casiers à plus de 3 000 » , selon Jean-Baptiste Delefolly, l’un des associés de la PME lilloise le Casier Français, reprise en 2020. Au catalogue : des armoires 14 à 28 niches, à la vente ou à la location. Equipés de groupe froid acquis auprès d’équipementiers, et fonctionnant en 220 volts, elles garantissent des températures entre de 3 à 13 °C. Spécialisée à l’origine dans la tôlerie fine, l’entreprise a su capter les courants ascendants de ce nouveau marché avec des tarifs attractifs. « En 2020 nous avons doublé notre chiffre d’affaires qui atteint désormais 6 millions d’euros. Chaque jour, trois casiers sortent de notre site », indique le dirigeant.
L’agriculture comme moteur
La PME s’adresse en premier lieu aux agriculteurs, producteurs locaux et commerçants (bouchers, traiteurs, boulangers pâtissiers etc.) vendant leurs fromages, viandes, fruits et légume en circuit court. Réalisation phare de la société : une sorte de supérette automatisée abritant 350 casiers à Granges-les-Beaumont dans la Drôme et exploitée par 25 producteurs et artisans. « Notre activité se développe aussi dans le périurbain », précise le patron du Casier français. Dans ce domaine, la connectivité se présente comme un pré-requis, assurant un pilotage technique et commercial à distance, le vendeur pouvant réalimenter les casiers en temps réel en fonction des données enregistrées. Ce terrain de jeu suscite beaucoup de vocations. Autre acteur indépendant, Espace Drive basé à Aix-en-Provence résulte d’une diversification d’Altéor, une PME créée en 2018 et spécialisée dans l’évènementiel et la publicité. Quel rapport avec la commercialisation de casiers ? « Altéor fabrique historiquement des espaces de vente modulaire en extérieur », explique Frédéric Thouveny, son co-fondateur, qui apporte une solide expérience dans la logistique du circuit court. « Garantir 0-4 °constant quand les températures peuvent atteindre 50 ° au soleil, c’est la clé du succès », estime le dirigeant d’Espace Drive qui se fournit auprès de Rivacold. Beaucoup d’acteurs arrivés sur cette niche, à l’instar de fournisseurs de consignes de gare ou des spécialistes de casiers secs ne maitrisent pas forcément l’étanchéité (la condensation en est un signe) et misent sur des groupes froid basiques à la fiabilité sujette à caution. « La différence se fera sur la maîtrise du froid », prédit-il. Autre point d’attention : l’ouverture de la façade pour pouvoir nettoyer tous les casiers.
Des chiffres d’affaires impressionnants
Bien implanté dans le sud-est de la France, Espace Drive a convaincu de nombreux producteurs, tant ce nouveau canal de distribution peut être lucratif. « La location revient à 30 à 40 euros par mois », annonce Espace drive, soit 12 000 euros par an pour un module de 50 unités. L’équipement peut être rapidement rentabilisé pour peu qu’il soit implanté à un endroit stratégique, comme au bord d’une route touristique. Exemple avec l’armoire de cet agriculteur poly-producteur, qui génère ainsi 300 000 euros de vente par an. En pleine ascension, l’entreprise provençale, qui a déjà installé une centaine de modules, prévoit d’en commercialiser une soixantaine de plus en 2024. Sa zone de chalandise s’étant peu à peu aux communes urbaines, avec une implantation dans les Yvelines. Si on identifie d’autres entreprises comme ADS Drive, Filbing ou encore Providif, il est difficile d’estimer le poids économique de ce métier qui n’est pas encore structuré. Celui-ci n’est pas représenté en tant que tel au sein de Perifem, fédération technique du commerce réunissant les protagonistes de la grande distribution et les fournisseurs d’équipements. Cela n’empêche pas un adhérent, le géant européen EPTA Réfrigération, (1,4 milliard d’euros de chiffre d’affaires) d’investir ce marché depuis 8 ans, avec sa gamme baptisée Brick EPTA. Industriel du froid qui usine aussi ses armoires, l'entreprise italienne indique avoir fourni en modules (casiers et équipements froids) les trois quarts des start-ups, concurrentes du Casier français. Elles cherchent à se différencier notamment avec des applications numériques complexes pour dialoguer avec un public urbain et connecté. Le groupe capitalise sur ses fondamentaux (maîtrise des paliers de froid depuis les température négatives, fiabilité, supervision, etc.) éprouvés auprès de sa clientèle historique (Carrefour, Leclerc, Casino…) qui se met également à la vente par casiers. « Le casier est un canal de distribution prometteur, notamment pour les acteurs classiques de la grande distribution, et il pourrait suivre le même chemin que le drive », synthétise Pavel Pardo, responsable des projets numérique chez EPTA. Durant 10 ans, celui-ci est resté marginal jusqu’à ce que Leclerc décide d'en faire un canal stratégique. »
Marc Fressoz
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