Transporteurs - Logisticiens

La palette au menu de l’ATFRIE

Les transporteurs espagnols ont démontré leur avance sur des aspects sensibles de la profession lors du congrès de l’ATFRIE (Association espagnole des transporteurs sous température dirigée). Entre autres mets, la palette a bien alimenté les débats.

Parmi les nombreux sujets traités lors du VIIe congrès de l'Association espagnole des transporteurs sous température dirigée (ATFRIE), commençons par la palette qui a constitué un bon plat de résistance pour les 400 transporteurs et fournisseurs présents. Il faut dire que l’actualité est venue renforcer fort opportunément le discours des congressistes à la lumière de la découverte récente d’une fraude en Italie. Valeur estimée du préjudice : 80 millions d’euros. « Au-delà du montant très élevé des préjudices financiers, nous devons éliminer ce système des échanges de palettes par les conducteurs et conductrices qui leur génèrent des efforts insupportables, a martelé Pedro Conejero, vice-président de l’ATFRIE. Ces manipulations leur causent tant de dommages physiques et se traduisent par des TMS et des arrêts de travail. Sans parler du dégoût ou de l’abandon de ce métier. À ce constat s’ajoutent les risques de vols, la diffusion de bactéries, sans compter les contrôles des stocks chaotiques et quotidiens. Tout ceci représente un coût élevé pour les entreprises et tant de crispation dans les relations entre chargeurs et transporteurs. » Il existe pourtant le pooling que proposent un bon nombre de sociétés de location de palettes. Bien connues du marché, ces entreprises constituent une alternative fiable : « Il n’y a donc aucune excuse valable pour continuer à faire supporter le fléau des échanges par les chauffeurs et les entreprises de transport », a-t-il poursuivi. Le débat reste ouvert en Europe puisque l’échange de palettes est interdit en Espagne.

Ne nous fâchons pas !

Animée par Pédro Conéjero avec les principaux membres des associations de transporteurs, la table ronde a traité de la mise en place de nouveaux péages euro-vignette d’autoroute. Cet autre sujet de crispation dure depuis des années comme l’a reconnu le plus haut représentant des transports en Espagne, Carmelo González, vice-président de la CETM (Confédération nationale des entreprises de transport en Espagne) et président du Comité national (CNTC) : « Je doute qu'il n'y ait pas de péages à terme », a-t-il déclaré en référence au prétendu plan convenu par la ministre des Transports, Raquel Sánchez. Ce plan viserait au niveau européen, à ne pas mettre en œuvre de paiement à l'utilisation, à condition de promouvoir le transport ferroviaire de marchandises. « Les chargeurs sont revenus à leurs anciennes habitudes pour appeler les transporteurs à faire face à cette situation, a dénoncé Carmelo González. En particulier à travers tous les nouveaux outils déjà disponibles après les profonds changements législatifs – royal décret de loi 3/2022 - réalisés au cours de l’année conflictuelle 2022. »

Autre thème abordé pendant la table ronde : la pénurie de chauffeurs qui crée une tension avec les chargeurs, a reconnu le président du Comité national. Celui-ci considère que ce problème ne peut être résolu uniquement - bien que ce soit une raison importante - par la seule augmentation du salaire des chauffeurs. « Le système des "modulos" - forfaits fiscaux, économiques, frais de sécurité sociale, etc. - dans les transports doit disparaître quoi qu'il arrive parce qu'il est irrationnel », a déclaré Juan José Gil, secrétaire général de Fenadismer, principale association de petites entreprises et transporteurs en Espagne.

Adieu ce système de forfaits en 2025

La question toujours controversée des "modulos" dans les transports a également fait l’objet d’une analyse lors de cette table ronde. Juan José Gil est clair : « Si en 2025 la fin des modulos était décrétée pour se conformer aux directives européennes, la question serait de savoir s’il y aurait une nouvelle prolongation de leur usage en 2024. »

Autre sujet ténu traité au Congrès avec la question des poids et dimensions des palettes dont la modification de la réglementation était sur le point d'être approuvée avant les élections anticipées en Espagne. « La situation politique a fait que cette question n'est plus à l'ordre du jour, a reconnu Ovidio de la Roza, président de la CETM (Confédération espagnole du transport de marchandises), considérant qu’il n'y aura pas de nouvelles dans ce domaine tant qu'il n'y aura pas de nouveau gouvernement. Il n'en demeure pas moins important que la réglementation espagnole en la matière soit approuvée avant la réglementation européenne qui progresse d’ailleurs à un bon rythme. » Pour Juanjo Arnedo, porte-parole de la gouvernance de l’ATFRIE, « il s'agit d'un aspect à défendre pour que les opérateurs qui travaillent à l’intégration des chargeurs aient la possibilité de leur offrir une formation minimale requise, comme c'est le cas pour les chauffeurs professionnels ». Juanjo Arnedo n'a pas non plus évité l'autocritique sectorielle en faisant une déclaration sans ménagement : « Aucune amélioration ne sera possible si beaucoup d'entre vous continuent à enfreindre la loi en Espagne et à l'étranger », en référence à la nécessité de lutter contre le chargement et le déchargement par les chauffeurs et l'échange de palettes. CQFD.

Pierre Besomi

Peut-être le plus ibérique des logisticiens français, Nicolas Olano (au centre) était venu saluer ses amis dont José Esteban Conesa, le président de Primafrio (à droite) et Pedro Conejero, vice-président de l’ATFRIE (à gauche).

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